Coteau – Quel patrimoine ? Quels risques ? Quelle mise en valeur ?
19 mars 2016
Avec le projet Brèche-Cœur de Ville, le discret quartier du coteau fait parler de lui, non pas pour ses charmes, mais pour le risque d’effondrement qui lui est associé dans la mémoire des Chinonais. L’occasion de se poser quelques questions sur la politique municipale — ou l’absence de — à l’égard de cette zone remarquable par bien des aspects.
Chinon s’étend au pied d’un coteau qui frappe les visiteurs qui le découvrent par son étendue, le caractère pittoresque de ses constructions, ses troglodytes, ses jardins, ses venelles, ainsi que par les deux repères qui le bornent, la monumentale Forteresse royale à l’ouest, la discrète chapelle sainte Radegonde à l’est.
Collectif et particuliers
Comme le reste de la ville, le coteau semble suspendu entre deux eaux : d’un côté son attrait comme lieu de promenade et d’histoire, de l’autre le risque que représentent ses éboulements ponctuels ; d’un côté l’intérêt collectif que représentent son entretien et sa surveillance, de l’autre le sacro-saint caractère privé des propriétés qui le composent.
Entre ces différentes variables, il semble que les municipalités successives aient décidé… de ne rien décider. Il apparaîtrait pourtant normal que les édiles encouragent – sinon contraignent – les propriétaires négligents à entretenir leurs jardins, leurs terrasses, leurs puits et leurs caves. Si ceux-ci ne sont pas sensibles à l’attrait touristique des lieux qui leur sont échus en héritage, ils pourraient légitimement être rappelés à l’ordre au motif que leur négligence est de nature à compromettre la stabilité du coteau. Mais comme aucun projet d’ensemble visant à la sauvegarde et à la mise en valeur n’existe pour le coteau, la Mairie a beau jeu de se retrancher derrière la responsabilité individuelle des propriétaires pour ignorer les périls que font courir les cavités abandonnées et la dégradation qu’entraînent la jachère des jardins et des terrasses.
La Mairie impuissante ?
La Mairie ne dispose-t-elle réellement d’aucun pouvoir en la matière ? Il est légitime d’en douter quand on voit avec quel scrupule elle s’intéresse à la couleur des volets ou à la hauteur des enseignes. Elle a en fait toute latitude, si elle le souhaite, pour engager, au titre de la sécurité ou au titre du secteur sauvegardé, une campagne de recensement des terrasses et des cavités tombés en déshérence et à imaginer, avec les habitants et les usagers du coteau, un futur qui concilierait quiétude résidentielle et attrait touristique, stabilité et entretien régulier. C’est moins flamboyant que le projet Brèche-Cœur de Ville, mais cela aurait plus de sens par rapport à l’histoire du site. Et cela coûterait significativement moins cher. Il est vrai qu’en contrepartie, cela ne rapporterait rien en euros sonnants et trébuchants, sinon la satisfaction d’avoir conservé, entretenu et mis en valeur un patrimoine immémorial. Ce qui, en soi, doit être considéré comme un investissement.