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26 avril 2024

Pays du Chinonais
Et la santé, comment ça va ?


Alors que le Chinonais est souvent vanté pour sa douceur de vivre, les enquêtes sanitaires confirment que sa population apparaît, sur de nombreux critères, en moins bonne santé et moins bien prise en charge que les moyennes départementale, régionale et nationale.

docteur

Le Pays du Chinonais manque cruellement de généralistes, de spécialistes et de personnels qualifiés. Les délais d’accès aux réseaux de soins sont trop importants et les territoires ruraux sont particulièrement pénalisés par les difficultés de déplacement.

Beuvez toujours, ne mourrez jamais !” : tout médecin qu’il fût, Rabelais ne disposait pas des moyens de l’épidémiologie moderne quand il rédigeait, au début du XVIème siècle, cette ordonnance gargantuesque. Cinq cents ans plus tard, ses descendants, “mon Dieu que c’est embêtant“, ne sont pas bien portants. Selon le diagnostic de santé du Pays du Chinonais élaboré par l’Observatoire régional de santé du Centre, de nombreux paramètres sanitaires sont en effet à l’orange pour les 75.510 habitants qui peuplent les 81 communes du pays Chinonais.

38% des décès prématurés seraient évitables
La mortalité, tout d’abord. Quand des Chinonais vous disent qu’ils n’arrêtent pas d’assister à des enterrements, ce n’est peut-être pas une vue de l’esprit. Il est vrai que notre population est plus âgée qu’ailleurs : l’indice de vieillissement* est de 89,2 – contre 75,4 en Indre-et-Loire, 78,5 en région Centre et 69,4 en France. Cette particularité mérite donc des corrections statistiques. Mais si on ne regarde que les décès considérés comme prématurés, le Pays du Chinonais, avec 225,4 décès pour 100.000 habitants, dépasse largement la moyenne du département (192,6), celle de la région Centre (213,7) et la moyenne nationale (210,1). Plus vexant, selon les experts de l’Observatoire régional de santé, près de 38% de ces décès seraient prématurés, et évitables moyennant la mise en place d’actions de prévention primaire.

… En comparaison avec le département d’Indre-et-Loire, qui bénéficie d’une situation très favorable, le Pays du Chinonais présente une surmortalité générale. Ce constat est le même en ce qui concerne la mortalité prématurée (avant 65 ans) sur le territoire. On estime que 37.8% des décès prématurés (soit 142 décès prématurés par an) pourraient être évités […] En région Centre, de 2002 à 2010, près de 14 % des décès peuvent être imputés à des pathologies en lien avec la consommation de tabac (17,7 % chez les hommes et 10 % chez les femmes) et 4 % à celles en lien avec une consommation excessive d’alcool (6 % chez les hommes et 1,7 % chez les femmes). Que ce soit pour les décès imputés à une consommation de tabac ou pour ceux en lien avec l’alcool, le pays du Chinonais (18,1 %) se caractérise par une part de décès imputables à ces comportements légèrement supérieure à la moyenne régionale (17,8 %). L’Indre-et-Loire compte 17,2% de décès imputables à ces pratiques addictives.

Alors, de quoi souffre-t-on en pays Chinonais ? Du cancer (224 décès et 434 nouvelles admissions en affections de longue durée – ALD – par an), très au-dessus des moyennes nationale, régionale et départementale. De maladies cardiovasculaires : 227 décès – à peu dans les moyennes – et 713 nouvelles ALD par an (très au-dessus). On meurt aussi du diabète (18 décès et 281 nouvelles ALD par an, encore au-dessus des moyennes), de problèmes respiratoires (60 décès et 50 nouvelles ALD par an). On souffre d’affections psychiatriques (91 nouvelles ALD), qui mènent parfois au suicide (17 décès par an, au-dessus des moyennes). La mortalité routière n’épargne pas le Chinonais, avec une moyenne de six décès par an, encore une fois très au-dessus de toutes les moyennes, sachant que la région Centre est la troisième de France sur ce triste podium, après la Corse et le Languedoc-Roussillon.

Face à cet état des lieux préoccupant, combien de divisions ? La densité de médecins généralistes dans le pays du Chinonais est certes un peu plus élevée que celle de la région (83,2 contre 82,7 pour 100.000 habitants), mais elle est très loin de celle du département (112,3) et de la moyenne nationale (98,7). Quant aux spécialistes libéraux, ils sont 72,4 pour 100.000 habitants au national, 91,1 en Indre-et-Loire, 58,4 en région Centre et… 46,2 en Chinonais !

Quant aux nouveaux-nés qui voient le jour dans le Pays, comment sont-ils lotis ? Alors que les gros bébés (4 kg et plus à la naissance ), ne représentent que 4,5% des naissances en France, les nôtres sont 7,3% à atteindre ce poids, présage de naissances difficiles et signal d’affections maternelles comme le surpoids ou le diabète. Les mamans sont 47,5% à bénéficier d’une préparation à l’accouchement, mieux qu’en région Centre (40,7%), mais loin derrière le département (55,6%). Là encore, on manque de professionnels (gynécologues, pédiatres, sages-femmes), les délais d’accès aux Centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP) et aux Centres médico-psychologiques pour enfants et adolescents (CMP) sont trop importants, entraînant retards de prise en charge et pertes de chances de guérison. Des carences apparaissent également dans le suivi de retour de couches et l’accompagnement post-natal des familles fragilisées.

Combien de divisions ?
Pour parler en termes choisis, l’accès au soin de premier recours reste “fragile”, l’offre libérale est “trop faible”, la prise en charge globale des patients est “difficile” en raison du manque de professionnels et de structures d’accueil de jour ou temporaire, avec des carences encore plus prononcées quand il s’agit de maladies chroniques, de conduites à risques et d’affections psychiatriques, souvent aggravées par des questions de mobilité. Le Chinonais manque de ressources pour accompagner les personnes souffrant d’addictions et les jeunes y ont un accès difficile à la contraception.

Les perspectives ? La population va vieillir fortement, aggravant les statistiques et sollicitant un réseau de soin déjà en souffrance. Selon les études prospectives, entre 2007 et 2040, la région Centre gagnerait plus de 320.000 personnes d’au moins 65 ans, dont plus de 185.050 pour l’Indre-et-Loire (contre 102.640 en 2007). La part des 65 ans et plus passerait ainsi de 17.6 à 26,9% dans le département. Et pour les 80 ans et plus, les effectifs doubleraient (de 5,4 à 10,8 %). Les recommandations ? Prioritairement, soutenir tout ce qui peut rendre le territoire attractif pour des professionnels de santé, car c’est bien la carence de personnes qualifiées qui met le système en tension, qui allonge démesurément les délais d’attente… et qui fait fuir les soignants. Ensuite, tenir compte des difficultés de déplacements des publics fragiles et leur donner accès à un système de soin local. Enfin, anticiper – une activité malheureusement peu pratiquée – en créant des emplois et des services à la personne, en formant les professionnels œuvrant dans le champ de la dépendance, la gestion des aidants familiaux et en développant l’offre d’accueil dans les établissements sociaux et médico-sociaux.

* Le ratio des 65 ans et plus sur les moins de 20 ans. Un indice autour de 100 indique que les 65 ans et plus et les moins de 20 ans sont présents dans à peu près les mêmes proportions sur le territoire ; plus l’indice est faible plus le rapport est favorable aux jeunes, plus il est élevé plus il est favorable aux personnes âgées.

Pour en savoir plus
Diagnostic local de santé du Pays du Chinonais en vue de l’élaboration du Contrat Local de Santé.
Contient de nombreuses adresses et contacts classés par thème de prévention.

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