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" Il n'y a que les petits hommes
qui redoutent les petits écrits
"
- Beaumarchais

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29 mars 2024

Fabliau
Le coteau, le populo et les blaireaux


Il nous arrive qu’un engin,
par l’âge ou l’incurie, cesse de fonctionner,
et nous voici tentés, emportés par l’excès,
de jeter le bébé avec l’eau de son bain.

Et c’est ainsi, encore, quand nos institutions,
fatiguées et ruinées par des années d’usage,
peinent à accomplir leurs pesantes missions
et nous laissent irrités à tel point qu’on enrage.

Et pourtant, plutôt que de la mettre en miettes,
mieux vaudrait bien souvent ouvrir la mécanique,
et gentiment revoir toute sa dynamique
comme nous l’apprend cette historiette.

Dans un bourg populeux, au pied d’un château vieux,
vivait depuis des lustres un peuple besogneux,
qui, pour administrer les choses de la ville,
s’en remettait, confiant, aux lumières des édiles.

Cette docilité porta les magistrats
à s’imaginer que leur affable public
les avait investis d’une sorte de mandat,
outrepassant les lois de notre République.

Enhardis peu à peu par la prose complice
d’un quotidien local tout acquis à leur loi,
nos élus ébaubis s’en donnaient à cœur joie
sous l’œil indifférent d’un sous-préfet novice.

Mais cet état de grâce prend fin un beau matin
à propos d’un terrain cédé à un parent,
sur lequel ce dernier, en dépit du bon sens,
au mépris de la loi, veut planter du raisin.

Les habitants du lieu, alarmés du chantier,
activent un journaliste honnête et scrupuleux,
dont les articles alarment un nouveau sous-préfet,
au point qu’il intervient pour stopper les travaux.

C’est ainsi que chacun ayant rempli son rôle
– citoyens, journaleux et commis de l’état –
la machine civique a retrouvé son branle,
et force est restée à la loi.

Nul besoin de jeter au tas la République,
il n’est souvent ainsi que de faire sa part
pour que soit respecté l’intérêt du public
en mettant les blaireaux au rencart.