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19 avril 2024

Billet
Les Shadoks, le mille-feuilles et les ordures


Problème : que se passe-t-il quand des élus de niveau N (par exemple la commune) désignent certains des leurs pour siéger dans un organisme de niveau N+1 (par exemple une communauté de communes) ? En Chinonais, ça donne [avec le succès que l’on sait] Chinon Vienne et Loire. En Bouchardais, Touraine Val de Vienne. A Langeais, Touraine Ouest Val de Loire. A Azay, Touraine Val de l’Indre… Et quand chacun de ces quatre organismes de niveau N+1 désigne à son tour des représentants pour siéger dans un organisme de niveau N+2 ? Si on ne fait pas attention, ça donne le Smictom du Chinonais, une usine à gaz [au sens propre] regroupant plus de 70 communes et au sein de laquelle 62 “délégués” délibèrent de la gestion de nos déchets sous la houlette d’un directoire de 15 membres (6 au conseil et 9 au bureau).

 C’est ainsi que l’Indre-et-Loire peut se vanter de disposer [outre ses 10 communautés de communes, ses 4 “pays” et sa métropole] de 12 syndicats intercommunaux à vocation multiple, 51 syndicats intercommunaux à vocation unique, 27 syndicats mixtes fermés et 3 syndicats mixtes ouverts (en sus des “pays”)… Soit 108 entités N+2 destinées, à l’origine, à “rationaliser” et à “mutualiser” des politiques allant de l’énergie aux déchets en passant par l’assainissement, l’eau, les transports, l’aménagement, etc…

 On peut douter, si on prend l’exemple du Smictom, que ces couches méconnues et ingrates du mille-feuille territorial participent réellement aux économies d’échelle pour lesquelles elles avaient été instituées. A titre d’exemple, les Chinonais se souviendront qu’en 2016, le Smictom avait engagé un bureau d’étude pour reconfigurer leur déchetterie : changement profond et tout à fait shadokien, il avait été décidé, au terme d’une réflexion approfondie, qu’à compter de telle date, on entrerait par la sortie et que, par voie de conséquence et le même jour, on sortirait par l’entrée. On imagine le cheminement de cette décision, depuis l’intuition initiale jusqu’au vote final, à travers les 77 cerveaux mobilisés pour l’occasion. Une semaine après “l’inversion”, effectuée à grand renfort d’études, de travaux, de marquage au sol et de communication, le Smictom annonçait, sans explication, que l’on revenait illico presto au sens de circulation antérieur. Le coût de l’opération est resté un mystère. Conclusion shadok : “S’il n’y a pas de solutions, il n’y a pas de problèmes”.

Une chose est certaine : si quelques structures N+1 parviennent, bon an mal an, à conserver un semblant de lien avec le territoire et ses habitants, les structures N+2 ont définitivement largué les amarres et naviguent désormais en haute mer, loin des populations au service desquelles elles sont supposer œuvrer. Dans le pire des cas, elles “délèguent” leurs opérations à des prestataires “N+3”, comme cela a été le cas début 2019 pour le Smictom.

 Au 1er janvier, les populations concernées se sont réveillées avec un ramassage des ordures “nouvelle formule”, toujours organisé par le Smictom, mais confié à un nouveau prestataire, qui a lui-même délégué une fraction du travail (la fourniture et la répartition des bacs de collecte) à un quatrième larron.

 On peut se douter que, dans ces conditions, le déploiement peine à satisfaire tout le monde. Parmi les griefs récurrents : certaines rues ne sont pas collectées car la benne ne peut pas passer, les papiers ne sont plus ramassés, les bacs sont mal répartis, parfois déposés dans des endroits inappropriés et, plus généralement, sans concertation avec les habitants du quartier.

 Ce sont sans doute des broutilles qui, une fois remontées aux responsables, pourraient être progressivement résolues pour aboutir à un fonctionnement “globalement satisfaisant”. Encore faudrait-il que les élus N interpellés sur ces dysfonctionnements cessent de botter en touche et se souviennent qu’ils ont délégué à la Comcom des élus N+1, qui ont eux-mêmes désigné au Smictom des représentants N+2. Pas moins de 23 élus communautaires de Chinon Vienne et Loire siègent au Smictom, dont 3 élus de Chinon. L’un d’entre eux en est même vice-président. Pas le Grand Shadok, mais presque…

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