La place du général De Gaulle englobée dans le projet de la Brèche ?
3 avril 2016
Comme si elle en avait les moyens et comme si Chinon n’avait pas assez de chantiers en perspective, la Mairie parle maintenant de restructurer la place de l’hôtel de ville. Au mépris des préconisations du Plan de sauvegarde et de mise en valeur, pourtant mis à jour en 1013, et qui vient opportunément de disparaître du site internet de la Mairie.
En janvier 2013 (il y a donc 3 ans), la direction des Affaires culturelles de la Région Centre rendait public le document portant “révision et extension du secteur sauvegardé” de Chinon. Au menu, divers plans et dossiers dont le principal, intitulé “Orientations d’aménagement du Plan de sauvegarde et de mise en valeur“, trace sur 110 pages les évolutions souhaitables et raisonnées de notre paysage urbain. Des orientations qui ne semblent pas être prises en compte dans le projet de refonte de la place du général De Gaulle qui a été récemment dévoilé par la Mairie.
Plan de sauvegarde : un projet directeur qui vient de loin
Un secteur sauvegardé est une zone soumise à des règles particulières en raison de son « caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d’un ensemble d’immeubles bâtis ou non » (Code de l’urbanisme, art. L. 313-1). A Chinon, la première ébauche de Plan de sauvegarde et de mise en valeur est élaborée en 1971 par l’architecte Bertrand Vitry. Il propose alors, au grand dam des habitants, d’aérer le Vieux Chinon en y perçant plusieurs voies ouvertes à la circulation automobile. Pierre Stetten reprend le travail de 1977 à 1982, puis c’est au tour d’Alexandre Melissinos, qui enterre définitivement l’idée de nouveaux percements et donne la priorité aux piétons dans le secteur sauvegardé. Associé à un règlement détaillé, l’ensemble est approuvé en février 2002. Validé par la commission nationale des Secteurs sauvegardés, ce plan de sauvegarde et de mise en valeur est étendu par arrêté ministériel le 12 septembre 2005, et publié au J.O.du 29 septembre 2005. En novembre 2007, une étude visant à la révision et à l’extension du PSMV est confiée à l’atelier d’urbanisme parisien “Une fenêtre sur la ville”. Elle débouche sur la publication d’un plan révisé en janvier 2013.
Ce que préconise le PSMV
“La place du général De Gaulle est au coeur de la Ville” nous apprend l’agence mandatée pour mettre à jour le PMSV, qui poursuit : “située dans l’axe qui relie la Vienne au coteau par l’ascenseur, elle s’ouvre […] vers la rivière. Cette vue particulièrement caractéristique doit être confortée“. Et de préconiser que la place de la Fontaine soit rendue entièrement piétonne sur sa partie ouest, tout en maintenant l’accès à la Brèche pour la circulation automobile. La place du général De Gaulle doit, quant à elle, être maintenue en l’état. La rue Neuve [entre le café de la Paix et l’Office de tourisme] devient un espace de circulation partagé permettant une ouverture sur la Vienne. La place Rabelais est redéfinie pour devenir un point stratégique de la promenade le long des quais qui doit, jusqu’au pont, favoriser la circulation piétonne et celle des personnes à mobilité réduite doivent. “Des places de stationnement minute, pour le commerce de proximité sur le site, peuvent être créées en nombre limité“, conclut l’urbaniste, “ces places n’empièteront pas sur les trottoirs, pour ne pas s’interposer au cheminement des personnes à mobilité réduite. 2 places côté Vienne et 3 places côté commerces peuvent être envisagées“.
Ce qu’envisage la Mairie
Foin de ces préconisations, la Mairie a “son” projet pour “sa” place, celle de l’hôtel de ville. Elle rêve d’une voirie “apaisée”. La place de la Fontaine serait totalement interdite à la circulation, y compris pour rejoindre la Brèche. Sur la place du général De Gaulle, le trafic serait redirigé entre les deux rangées d’arbres. La chaussée est, sous les fenêtres de la Mairie, constituerait une esplanade où les terrasses pourraient être développées. La partie ouest de la place conserverait quelques espaces de livraison et de dépose-minute. Au total, une cinquantaine de places de stationnement seraient ainsi supprimées.
Alors, un PSMV, à quoi ça sert ?
“Un secteur sauvegardé” rappelle la Ville sur son site internet, “est un lieu où la dynamique consiste à promouvoir la qualité urbaine dans son ensemble“. Encore faut-il en respecter les indications qui se “substituent au règlement d’un Plan local d’urbanisme“. Le PMSV de Chinon, au sein duquel la Mairie fait son marché pour ne retenir que ce qui lui convient, préconise par exemple “l’élimination de la voiture en stationnement sur le quai Jeanne d’Arc entre la statue Rabelais et le pont, la réalisation de la place Victoire, l’aménagement de la place Plantagenêt, la mise en place d’une navette entre le parking Saint-Jacques et le centre ville, le renforcement de l’attractivité du parking aux abords de la forteresse”. Tout un programme ! Malheureusement, les Chinonais qui, jusqu’à il y a peu de temps, avaient accès au plan de Sauvegarde sur le site de la Ville, doivent désormais se déplacer en Mairie pour le consulter.