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30 octobre 2024

Quand la Mairie et la SET veulent “apaiser” la circulation


Persuadés – sur la base d’études qu’ils se refusent à communiquer – que Chinon souffre d’un grave problème de circulation et de stationnement, les édiles s’attaquent, avec leur conseil favori, la SET, à la refonte du plan de circulation du centre-ville de Chinon. Un exercice aux résultats calamiteux, qui ouvre plus de questions qu’il n’en résout.

Le 29 mars, la Mairie et la SET présentaient leur projet pour “apaiser” la circulation à Chinon (dont chacun sait qu’elle constitue aujourd’hui un des conflits les plus sanglants de la planète). Très discrets sur les études qui justifieraient leurs projets (ils se refusent purement et simplement à les rendre publiques), les “partenaires” ont dévoilé un plan abracadabrant qui semble avoir été dessiné sur le coin d’une serviette en papier.

Résumé des épisodes précédents
La Ville, ayant chanté pendant de trop nombreux étés, se trouva fort dépourvue lorsqu’il fut question d’aménager la Brèche. La SET – un “ami de trente ans” – lui proposa d’y installer un parking et de confier au privé le stationnement payant, moyennant une somme qui permettrait de soulager les finances publiques (voir ici). Mais la greffe d’un silo à automobiles de 5 étages en surface, en plein centre médiéval, n’est pas chose aisée. Y faire entrer et en faire sortir les véhicules encore moins. C’est ce que révèle le plan de circulation proposé, bourré d’incohérences, de points de conflit et de questions non résolues.

accès parking ldef

Le plan de circulation qui entrerait en vigueur avec la construction du nouveau parking de la Brèche. Bourré d’incohérences, de points de conflit et questions en suspens, il aggrave la situation en prétendant “l’apaiser“.

Les principes retenus
Tout d’abord, pour les promoteurs du projet Brèche-Cœur de ville, le porche de la place dite “de la Fontaine” doit être fermé à la circulation, et la place de l’Hôtel-de-ville à moitié piétonnisée.

Pour accéder au nouveau parking de la Brèche, les véhicules venant de la place du général De Gaulle  tourneront donc à droite dans la rue Jean-Jacques Rousseau, puis à gauche dans  l’impasse Jean Macé. Depuis le quai Jeanne d’Arc, les véhicules seront invités à rejoindre la place Mirabeau, puis à remonter la rue Marceau et le bas de la rue du Puits-des-bans et tourneront à gauche dans la rue des Templiers. Depuis la route de Tours, la circulation empruntera la rue Porte du château, puis descendra la rue du Puits-des-bans et tournera à droite dans la rue des Templiers.

Pour sortir du parking, les véhicules emprunteront la rue en baïonnette des Caves Vaslins, puis tourneront à gauche dans la rue Jean-Jacques Rousseau. Au niveau de l’église Saint-Etienne, les automobilistes pourront alors, soit retrouver les quais en tournant à droite et en descendant la rue Philippe de Commines, soit continuer tout droit et sortir par l’est via la rue Diderot et la rue Paul Huet, soit tourner à gauche, remonter la rue du Collège, et quitter Chinon par le nord.

Les points d’achoppement
Conviées à la présentation du nouveau plan de circulation envisagé par la Mairie, les associations membres de la Coordination contre le projet de la Brèche ont pointé de nombreuses invraisemblances dans le scénario proposé. “La fermeture de la place dite de la Fontaine, le fléchage vers la Brèche et la refonte de la place du général De Gaulle“, ont-elles fait remarquer à la Mairie, “créeraient mathématiquement une augmentation de la circulation dans la rue Jean-Jacques Rousseau, rue étroite, sans trottoir, aujourd’hui occupée par les tables de la brasserie et du bar-tabac, avec deux boucheries et une boulangerie très actives, donnant directement sur la rue, où les gens font fréquemment la queue. Il est également certain que cette augmentation ne serait pas lissée sur la journée, mais concentrée sur de courtes périodes d’usage“.

La Coordination souligne également que “le parking de la Brèche générerait un trafic entrant et sortant dont l’intégration au tissu urbain poserait de nombreux problèmes. La sortie par la ruelle en baïonnette des Caves Vaslins, elle-même ponctuée de 4 sorties de garages privés (dont certains professionnels), croiserait l’entrée et la sortie des nouveaux parkings privés de la place Hofheim et le flux de la rue JJ Rousseau, lui-même contrarié par les voitures quittant, en marche arrière, le parking sur voirie de la place Hofheim. La papeterie Grain de papier, la terrasse du bar du Théâtre et le Palais de Rabelais – ainsi que les nouveaux commerces envisagés sur cette emprise – seraient particulièrement affectés par ce trafic giratoire mêlant véhicules entrants, véhicules sortants et véhicules passants“. “Si on imagine un parking actif“, poursuit la Coordination, “on peut également prévoir des conflits d’accès au niveau du croisement Jean Macé – Templiers“.

desserte

Si le projet Coeur de ville aboutissait, le carrefour Jean-Jacques Rousseau – Marceau – Puits-des-Bans serait un point chaud. Au lieu “d’apaiser le centre-ville” (nouvel objectif de la Mairie), le nouveau plan de circulation sacrifierait le calme des rues médiévales, sans aucun bénéfice pour les Chinonais et pour leurs visiteurs.

Nous sommes loin de la sérénité des déambulations en famille représentées sur les promotions diffusées par la SET. D’autant que le nouveau plan fait apparaître au moins deux autres points de conflit : le carrefour rue Marceau – rue JJ Rousseau – rue du Puits-des-Bans ; la patte d’oie JJ Rousseau – rue du Collège – rue Ph. De Commines.

Les questions sans réponse
Les associations pointent également nombre de questions qui, pour le moment, restent sans réponse, comme si le plan de circulation n’avait pas été finalisé. Le diable se nichant souvent dans les détails, il semble impératif que ces points soient précisés.

  • Quelles modalités d’accès aux nouveaux parkings privés de la place Hofheim (à partir de la rue des Caves Vaslins ou à partir de la place elle-même ?).
  • Quel statut exact pour la rue de la Lamproie (le Maire affirme qu’elle sera “réservée aux Chinonais” ?)
  • Quel serait le sens de circulation de la rue Ph. De Commines (double ou unique ?). Pour mémoire, si elle passait en sens unique pour les voitures venant du parking, le trafic montant se reporterait sur l’étroite rue Marceau.
  • Quel serait le sens de circulation dans le bas de la rue du Puits-des-Bans (double ou unique ?). Pour mémoire, si le bas était réservé aux véhicules montants pour leur permettre d’accéder au parking, les véhicules descendants qui ne veulent pas s’y garer viendraient encombrer le circuit Prosper Mérimée – Caves Vaslins- Hoffheim – JJ Rousseau.
  • Comment serait géré le carrefour Denfert-Rochereau / Ph. De Commines / Mirabeau / Jeanne d’Arc (sur le plan de la Mairie, la circulation apparaît inversée).
  • Quelles seraient les modalités de coexistence des automobiles et des vélos (maintien de la possibilité de circulation à contresens ou pas) ?
  • Quelles seraient les modalités de coexistence des automobiles et des handicapés ?
  • Comment seraient gérés les jours de marché : pour mémoire, la fermeture de la Place Mirabeau et de la rue Ph de Commines obligerait les véhicules sortant du parking pour aller vers Richelieu / Loudun / Beaumont, à aller jusqu’au bout de la rue Diderot et à refaire le tour par les quais, déjà encombrés à cause du marché.
  • Qui prendrait en charge les travaux touchant à la voirie, à la signalétique, à la sécurisation des piétons et des entrées d’immeubles, etc. qui ne sont ni budgétés dans le projet, ni intégrés au calendrier du chantier.

 

Au final, la Coordination qui regroupe 7 associations chinonaises hostiles au projet Brèche-Cœur de ville, invitée à découvrir le projet de plan de circulation, estime qu’il “révèle de nouveaux effets négatifs sur la circulation, la qualité de vie et le commerce, sans aucun bénéfice évident pour le centre-ville. De nombreux détails critiques, restés en suspens, laissent présager un bilan coûts-bénéfices encore plus défavorable“. Elle continue à demander l’accès aux études préalables et se déclare toujours favorable à l’arrêt immédiat du projet.

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