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29 mars 2024

Stationnement : études inaccessibles, projets illisibles


Le 29 mars 2016, le maire de Chinon acceptait, sous la pression du monde associatif, de réunir un “comité de suivi” pour évoquer le projet Brèche-Cœur de Ville. Consacrée à la circulation et au stationnement, une première réunion, houleuse, a permis d’avoir un aperçu du plan de stationnement qui serait mis en place si le projet était mené à son terme.

Invitées le 29 mars à participer à la première réunion d’un “comité de suivi” mis sur pied par la Mairie, les associations chinonaises qui se sont exprimées sur le projet Brèche-Cœur de ville ont assisté à une présentation peu convaincante, appuyée par de maigres données.

accès au parking

Les chiffres présentés par la Mairie et par la SET ont été jugés “lacunaires” par la Coordination des 7 associations qui s’opposent ouvertement au projet Brèche-Cœur de ville. Les données concernant la rue Marceau, une des 2 principales voies d’accès au nouveau parking, n’ont pas été divulguées.

Les 7 associations appartenant à la “Coordination contre le projet de la Brèche” s’étant vues refuser l’accès aux études préparatoires, elles ont souligné le caractère lacunaire et la pauvreté des éléments chiffrés fournis par les défenseurs du projet : rien sur la rue Marceau (principale voie d’accès au nouveau parking), rien sur la manière dont les données ont été recueillies, sur les dates, la saisonnalité, rien sur les motivations des automobilistes ou sur leurs comportements en matière de stationnement. Au vu de ces données, la conclusion des promoteurs : “pas de trafic supplémentaire mais un report” semble bien péremptoire, et aucunement démontrée.

La SET refuse toujours de divulguer les études payées par les Chinonais
Les associations invitées à la première réunion du comité de suivi avaient demandé de pouvoir disposer des études qui ont motivé le projet Brèche-Cœur de ville. Un refus leur ayant été opposé, elles avaient même sollicité l’avis de la Cada (voir article) qui leur avait donné raison. Mais la SET campe sur ses positions et refuse de partager ces données, estimant qu’elles lui appartiennent et que les décisions de la Cada ne s’appliquent pas aux sociétés anonymes. Elle oublie que l’article 29 de la Convention d’aménagement qui la lie à la Ville stipule en toutes lettres que “toutes les études et tous les documents établis en application du présent contrat deviennent la propriété de la collectivité co-contractante”. C’est en vertu de cet article que les associations persistent dans leur demande auprès de l’équipe municipale, qui avait fait de la transparence une de ses promesses de campagne.

Il est vrai que l’analyse de la SET, excluant le stationnement gratuit, ne permettait pas de comprendre les options offertes par le projet. Pour tenter de minimiser l’impact sur la circulation, un tableau comparait même la situation post-Cœur de ville à celle de … l’an 2000 ! Vu sous cet angle, la Mairie avait beau jeu d’annoncer que son projet ne créait “que” 12 places de stationnement payant supplémentaires dans le centre, oubliant en cours de route que ce comparatif tendancieux mettait la nouvelle place de parking à 1 million d’euros. En réalité, le projet créerait 107 places de stationnement payantes supplémentaires sur Brèche-Hofheim (209 places, contre 102 actuellement). 34 places seraient supprimées devant la Mairie et il est probable que le concessionaire exigerait la fermeture ou le passage au payant de places actuellement gratuites dans le centre.

evolstatpayantmairie

Calculs de la Mairie et de la SET concernant le stationnement payant en “hyper centre ville” (une notion inventée pour l’occasion). Par rapport à 2000, minimisent les promoteurs du projet, le projet ne créerait “que” 12 nouvelles places de parking (soit 1 million d’euros la place). En réalité, le projet amène 107 nouvelles places payantes dans le cœur du Vieux Chinon et supprime 34 places devant l’hôtel-de-ville.

Parcmètre

Selon la Mairie les parcmètres devraient être remplacés, pour un coût de “7.000 à 10.000 €” pièce. Soit 42% d’approximation : si le projet est dans la même fourchette de précision, son coût pourrait grimper à 17 millions.

Balle dans le pied
Autre argument avancé par la Mairie pour privatiser le stationnement payant : l’état de vétusté supposé des 12 parcmètres de la Ville, qui nécessiterait leur remplacement immédiat, au son de “7.000 à 10.000 €” pièce (soit 42% d’approximation : si le projet, évalué à 12 millions, est dans la même fourchette, son coût pourrait grimper à 17 millions). Pour justifier cet argument, la SET avait même préparé un tableau intitulé “Matériel vétuste“, dans lequel on découvrait, au contraire, que 8 appareils sont en “bon état” et 4 autres en “état moyen“. S’appuyant sur les déclarations précédentes du maire (“si on faisait le compte d’exploitation du stationnement payant à Chinon, il serait surement déficitaire“) , les membres de la Coordination ont d’ailleurs proposé l’abandon pur et simple des parcmètres et l’instauration d’un dispositif type “zone bleue” (ou “disque européen“) pour créer de la rotation près des commerces tout en préservant une certaine gratuité du stationnement.

Une signalétique publique à l’usage du privé
Egalement pointé du doigt, le dispositif de signalisation envisagé, soit 4 “panneaux-jalons” numériques d’information sur le stationnement postés aux principales entrées de ville. Le projet actuel prévoit d’y afficher seulement les disponibilité des parkings “fermés” (lire “payants“). La Coordination a mis en cause la discrimination qu’opérerait cet équipement installé sur le domaine public, ignorant les possibilités de parking gratuit et fléchant les automobilistes vers les prestations d’un opérateur privé. Si l’objectif est réellement d’offrir aux visiteurs l’image la plus réaliste des possibilités de stationner, a-t-elle fait valoir, il est indispensable que tous les types de stationnement soient traités.

Suppression de 34 stationnements place du général De Gaulle
Alors que le projet de figure nulle part dans les ébauches de Cœur de ville, les participants à la réunion ont appris que  34 places de parking seraient supprimées devant l’hôtel de ville. Cette nouveauté ne faisant pas partie du périmètre d’aménagement concédé à la SET, la Coordination a demandé communication des études d’opportunité et d’impact, du calendrier et des modalités de financement. A priori, cette orientation ne semble cependant pas aller dans le sens du commerce de proximité, pour lequel la place du général De Gaulle (elle-même bordée de plus de 30 pas-de-portes) constitue le centre de gravité des 4 principales artères commerçantes de Chinon (Rabelais – Commerce – JJ Rousseau – Voltaire).

Un plan de circulation pas du tout “apaisé
A l’issue de la réunion, dans un courrier adressé à la Mairie, la Coordination a estimé que la fermeture de la voie sous porche, le fléchage vers la Brèche et la refonte de la place du général De Gaulle créeraient mathématiquement une augmentation de la circulation dans la rue Jean-Jacques Rousseau, “rue étroite, sans trottoir, aujourd’hui occupée par les tables de la brasserie et du bar-tabac, avec deux boucheries et une boulangerie très actives, donnant directement sur la rue, où les gens font fréquemment la queue“. Cette augmentation ne serait pas lissée sur la journée, mais concentrée sur de courtes périodes d’usage.

Le nouveau parking de la Brèche, pour sa part, générerait un trafic “dont l’intégration au tissu urbain poserait de nombreux problèmes“. Enfin, la refonte du plan de circulation “nécessiterait des travaux touchant à la voirie, à la signalétique, à la sécurisation des piétons et des entrées d’immeubles, etc. qui ne semblent pas budgétés dans le projet, ni intégrés au calendrier du chantier“.

Pour résumer, la réunion du Comité de suivi n’a pas apaisé les craintes et “les arguments présentés [n’ont] pas convaincu du bien-fondé du projet Brèche-Cœur de ville, bien au contraire”. Pour ne parler que des points abordés lors de la réunion, “la Coordination découvre en effet dans les détails du projet de nouveaux effets négatifs sur la circulation, la qualité de vie et le commerce, sans aucun bénéfice évident pour le centre-ville. De nombreux détails critiques, restés en suspens, laissent présager un bilan coûts-bénéfices encore plus défavorable”. Les opposants restent donc, plus que jamais, “résolument hostiles au projet“, dont ils continuent à demander l’abandon. La Coordination conclut en demandant à nouveau de disposer de documents de travail et du détail du “reste à charge” en cas d’abandon du projet.

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