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30 avril 2024

Révision du PLU
Jean-Luc et les tontons bétonneurs


Sans concertation et avec autant de discrétion qu’en permet la législation, la Mairie vient d’entamer une révision du PLU (plan local d’urbanisme) qui prépare le terrain à l’extension de la zone du Blanc Carroi et au lotissement des entrées de ville.

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Les zones visées par la modification du PLU de Chinon? En sud-Vienne, le trait de départementale qui s’étend du vignoble du Paradis au Pressoir (Clos de Grésil-Saint-Lazare-Pressoir). Au nord la “totalité de la RD 751” (la route de Tours) et la déviation nord. Elles sont notées de 1 à 5.

L’information aurait certainement intéressé les commerçants invités en réunion publique le 17 octobre dernier. Sans doute aurait-elle même fait débat. Heureusement, Jean-Luc Dupont, qui les avait conviés en qualité de président de la Comcom, a eu la sagesse de ne pas en souffler mot : trois jours plus tard, il signait un arrêté ordonnant l’ouverture d’une enquête publique relative “à l’ouverture à l’urbanisation d’un secteur AU2C et au changement de destination d’un secteur 1AUh“. En clair : au nord, le développement du Blanc Carroi et du parc d’activités de la plaine des Vaux. Au sud, le passage en constructibilité de la section allant – en gros – du vignoble du Paradis au rond-point du Pressoir.

“Lever la contrainte des 75 mètres”
Que nous disent les documents — incomplets et parfois raturés — mis en ligne par la Comcom ? Tout d’abord, que le Code de l’urbanisme rend inconstructibles, sur 75 mètres, les espaces non urbanisés situés aux abords des voies à grande circulation.
 Ouf ! se dit-on, le législateur nous protège. Que nenni, corrigent immédiatement les rédacteurs du dossier. L’objectif de cette restriction n’est pas, selon eux, de maintenir l’inconstructibilité de ces espaces, mais “d’inciter les communes à [y] développer la qualité de l’urbanisation“. Le législateur permettrait ainsi aux communes de lever l’inconstructibilité, “si [elles] engagent une réflexion sur l’aménagement de ces espaces et élaborent des règles d’urbanisme devant garantir la qualité de l’urbanisation aux abords des routes et des entrées de ville“.

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L’état de la plaine des Vaux, où restent encore de nombreuses friches et des espaces vacants, ne semble pas indiquer que les autorités soient en mesure de maintenir l’infrastructure ou d’imposer des critères qualitatifs aux entreprises qui s’y installent.

Transparence ta mère !
Il faut attendre la page 11 du dossier (ici) pour avoir le fin mot de l’histoire. En petits caractères et en bas de page, on y apprend que l’opération “est motivée par un projet d’implantation commerciale” face au Grand Carroi. On y découvre que des dispositions seront prises pour répondre “aux difficultés soulevées par Veolia dans un courrier du 9 octobre 2015“. L’affaire ne date donc pas d’hier et on voit, a posteriori, ce que valent les engagements du candidat Dupont concernant la transparence de la gestion municipale, ainsi que ses déclarations d’amour au commerce de centre-ville. A aucun moment, depuis son élection, il y a deux ans et demi, le Maire — qui a totalement délégué l’économie à son premier-adjoint, un homme “du bâtiment” — n’a en effet fait allusion à l’extension du Blanc Carroi, refusant constamment de répondre aux questions des Chinonais sur sa stratégie de développement à moyen et long terme.

Il faut ainsi une révision du PLU pour apprendre que la Commune s’est fixé pour objectif de “conforter et amplifier sa croissance pour atteindre 10.000 habitants” (page 6). Culotté, alors même qu’il n’y a pas de croissance à conforter, étant donné que la commune a perdu 6,5% de sa population en 25 ans (la Comcom est à – 0,08%). Un peu de lucidité et une stratégie destinée à “stopper l’hémorragie” sembleraient, dans ce cas, plus appropriées.

Les tontons bétonneurs
Tout comme celui qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, celui qui veut “faire marcher le bâtiment” trouve toujours une urgence économique à traiter, des emplois à faire miroiter et d’hypothétiques besoins de m2 à satisfaire. Alors qu’il serait plus simple et honnête d’avouer qu’il ne s’agit que de spéculation foncière, d’appels d’offre à venir, et de l’habituelle cavalerie immobilière des promoteurs de lotissements et de centres commerciaux, nos tontons bétonneurs s’enferrent dans des justifications alambiquées et indéfendables : “la dernière tranche du parc d’activités Chinon Nord est en fin de commercialisation“, les friches existantes “ne peuvent pas accueillir des projets de taille importante“, la Comcom est “régulièrement sollicitée par des entreprises qui souhaitent s’implanter, notamment en centre-ville“… Il faut donc ouvrir les réserves foncières pour “conforter le rayonnement et le développement de la zone d’activités“. A ceux qui objecteraient qu’il n’y a aucune urgence et que bien des espaces commerciaux, artisanaux ou industriels sont aujourd’hui vacants, les promoteurs du projet répondent par anticipation : il reste bien un espace à côté du McDonald, mais il doit accueillir “une nouvelle offre de restauration“. Une dent creuse à côté de Norauto ? Elle est réservée pour une “enseigne en lien avec la mécanique automobile“. Un lot jouxtant le Bricomarché ? Il a été demandé “par une entreprise qui souhaite s’étendre“. L’ancien Aldi ? “Trop petit pour une nouvelle zone commerciale“. Et, dans la famille mauvaise foi : le site de l’ancien Leclerc ? Dommage, “il avait le potentiel” mais — malheureusement — “le bâtiment a été détruit” [sic]. L’ancien site de Sesame ? “L’entreprise a déménagé sur le site du Blanc Carroi” [Re-sic !]. Rien sur l’espace commercial de 500 m2 voisin du magasin But, vacant depuis l’inauguration, rien non plus sur la friche Regards (ex-Priox, rue de l’Olive).

Bref, puisqu’on vous dit qu’on manque de surfaces commerciales et qu’il est urgent d’urbaniser les espaces jusqu’alors inconstructibles, circulez, il n’y a rien à voir.

Au Chinopoly, “je passe par la case Comcom et j’achète Plastivaloire
Les rédacteurs du rapport sur la modification du PLU, soucieux de mettre en avant une forte demande et un manque d’espace pour hâter le déclassement des parcelles inconstructibles, gardent un silence pudique — ou suspect — sur la friche Plastivaloire (Plaine des Vaux 1), que la Comcom a rachetée en février, pour la modique somme de 675.000 €. Avec 3 hectares constructibles à 94%, 5.700 m2 de bâtiments, 5.000 m2 de parkings, le site, comme l’expliquait alors à la NR Jean-Vincent Boussiquet, “est très intéressant, car il est composé de bâtiments variés sur une parcelle importante permettant d’y accueillir plusieurs activités”. Malheureusement, il est toujours vacant, malgré les pronostics avisés de Patrick Goupil, qui — ayant entendu parler d’un potentiel acquéreur — y flairait alors “une bonne affaire”, qu’il s’engageait d’ailleurs, comme il le fait régulièrement quand il ne sait pas comment terminer ses articles, “à suivre”. La vente aura surtout été une bonne affaire pour Patrick Findeling, président du groupe Plastivaloire, récompensé par la Comcom pour avoir rapatrié ses activités à Langeais. La collectivité envisage aujourd’hui de reloger sur le site une partie de ses services techniques.

Des garanties qui n’engagent que ceux qui les écoutent
Bien entendu, pour obtenir la levée des contraintes, les tenants de l’urbanisation assurent que tout se fera “dans le respect des paysages” et moyennant une attention particulière aux nuisances, à la sécurité, à la qualité architecturale et à l’urbanisme. Mais quand on examine — de ces différents points de vue — l’état actuel de la Plaine des Vaux, il y a de quoi se faire du souci. Saignées dans la forêt, entretien négligé, signalétique approximative, bas-côtés défoncés, voies traversantes barrées au bulldozer, dépôts de gravats, bâtiments abandonnés… le tableau n’est pas vendeur pour les candidats à l’installation. Quant aux lotissements qui ont fleuri en entrée de ville, les autorités ont beau nous jurer que les futures opérations comporteront des “coupures boisées” (plaine des Vaux), un traitement “paysager” (projet Saint Lazare), qu’elles donneront “l’impression que les maisons émergent d’un clos de vigne” (projet Clos de Grésil, face au château de Vaugaudry), on ne peut que rester dubitatif quand on visite les dernières réalisations des promoteurs : bâtis bon marché, architectures indigentes, abords négligés et pour couronner le tout, promoteurs douteux et ménages floués.

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Si la qualité architecturale des lotissements récents donne une idée des lotissements futurs, les Chinonais ont de quoi se faire du mauvais sang.

Les modifications du PLU qui préparent cette urbanisation désordonnée satisferont les spéculateurs, les entrepreneurs du bâtiment et les promoteurs de lotissements et de centres commerciaux. Les autres devront se mobiliser pour empêcher que leur ville, dont le principal attrait — et atout — reste d’avoir échappé à l’enlaidissement général, ne rejoigne la longue liste des communes massacrées par l’appât d’un profit de court terme limité à un nombre très réduit de personnes.

Pour en savoir plus — Une enquête publique en cours
L’enquête publique sur le projet de modification du Plan Local de l’Urbanisme de Chinon se déroule du 14 novembre 2016 au 15 décembre inclus. Le commissaire-enquêteur recevra en personne, à la mairie de Chinon, les observations écrites ou orales du public sur l’opération les lundi 14 novembre (9h-12h), samedi 3 décembre (9h-12h) et jeudi 15 décembre (14h-17h).

Lire aussi : Urbanisme rampant ou débat public ?

 

 

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